Les courses à l’âne

 

Une course à l’âne c’est le fait de s’emparer de quelqu’un de le jucher sur un âne et de le promener sur la voie publique , sans son consentement bien entendu. C’est la punition réservée aux maris trompés ou battus.

On peut dans ce cas utiliser le charivari mais là c’est spécifique pour les hommes malheureux en ménage

La course à l’âne depuis très longtemps est aussi une fête un peu folklorique au cours de laquelle, là aussi sans demander l’avis des intéressés, on juchait sur un âne le dernier marié de l’année.

 

Les courses à l’âne chez nous.

 Que sait-on sur les courses à l’âne dans le Tarn autrefois.
Peu de choses, encore moins que pour les charivaris. C’est déjà très humiliant et on hésite à se plaindre aux autorités.

 La tradition est ancienne. A Castres au 16° c’est un moine qui est expulsé de la ville par les protestants juché à l’envers sur un âne.
 De plus nombre de chansons traditionnelles font allusion au mari trompé a qui on « fa corre l’ase »

 4 cas rencontrés en divers points du Tarn, à Castres à la fin du 17°, deux au 18°  un vers le Laux (actuellement St Genest de Contest) entre Graulhet et Réalmont et l’autre sur Castelnau de Brassac et un sur Rabastens (Montlong)
Ces quatre histoires sont très différentes, mais on se rend compte que la course à l’âne à la différence du charivari n’est pas quelque chose de préparé « en secret » (secret relatif quand même). De même comme pour les charivaris les organisateurs (réels ou supposés) sont des jeunes de familles plu tôt aisées : ça va du petit artisan au fils de bourgeois.

 Castres
A Castres en 1688, c’est préparé publiquement, une personne va faire le crieur (comme ceux qui font annonces officielles) on appelle la population à venir participer. On demande à un voisin de figurer la victime et le cortège va passer dans toutes les rues de la ville en repassant à plusieurs reprises devant la maison de la victime.

 Castelnau de Brassac

 A Castelnau en 1760 , un autre affaire . le dossier est mince.
  Un monde infini, nous dit-on est rassemblé sur la place du hameau du Terrail pour une course à l’âne. Un bourgeois du hameau sort en furie,armé d’un fusil et menace de tirer sur le groupe de jeunes. Les gens refusent lui disant qu’il n’a aucune autorité pour empêcher ce qui se passe et que  cela ne le concerne pas. Le furieux se dirige vers un groupe de personnes, prenant un des spectateurs (à tort ou à raison) comme un organisateur lui tire une balle dans l’épaule.

Affaire trouble, le père de la victime ne veut pas qu’il porte plainte

Rabastens

 Plainte de Gabriel Coulom, de Saint-Laurens, contre plusieurs individus qui, un dimanche, à la sortie de la messe de Montlong, où il avait communié, le mirent sur un mauvais cheval et le promenèrent dans les rues en criant qu'ils faisaient courir l'âne, etc. (B 667 Rabastens)
L'affaire est jugée grave car elle a eu lieu à la sortie de l'église. Lourdes amendes en faveur de la paroisse

 
Le Laux (St Genest de Contest)

C’est un dossier de 1788, et là la justice est allée un peu plus à fond.

 Le dimanche 27 avril, une quête est faite par quelques jeunes menés par Pierre Batigne fils d’un ancien consul dans la paroisse pour acheter des œufs (pour les manger ensemble –sic), du vin  et du son pour nourrir un âne. Ils ne se cachent pas que c’est pour  faire un charivari à Antoine Batigne battu par sa femme. Le curé avant la messe est mis au courant. Au prône il condamne  le projet comme contraire à la sainteté du dimanche et contraire par ailleurs aux lois.
Il décide pour parer le projet d’aller chez Batigne dont la mère âgée  de 89 ans est très malade pour y porter la communion, suivi des paroissiens. Il prévient le seigneur qui vient à la fin de la messe interdire toute manifestation.

Mais l’après midi le groupe réunit « les plus libertins » de la paroisse au cabaret de Batigne père. Le fils se fait prêter un âne et le groupe  se dirige en masse, une quarantaine de personne avec « instruments, symphonie et grand cortège », des clochettes sont accrochées à l’âne
Ils montent à tour de rôle sur l’âne

 

Ils se font accueillir par la femme Batigne qui leur lance des pierres
Ils cassent les fenêtres de Batigne avec des pierres, enfoncent les portes, montent sur le toit pour le démolir.
Les cadres de fenêtres en pierre de taille sont endommagés, les cailloux lancés dans la maison détruisent à l’intérieur.
Vers 4 heures, le consul en cours arrive, il est vêtu de son chaperon ce qui lui permet de ne pas se faire écharper. Il voit tout le monde danser.  Il les disperse. Certains portent des barres de fer de  2 m de long.

Tous vont se réfugier à Marot, chez le ,propriétaire de l’âne.
Le consul constate les dégâts, il voir une soixantaine de pierres qui jonchent le sol à l’intérieur, la vaisselle est cassée

 Une bonne vingtaine de personnes sont poursuivies
On décide d’incarcérer tout le monde dans les prisons de Réalmont (celle du Cayla sont en réparation)
 

Et à notre époque ?

Comme beaucoup de traditions, celle de la course à l’âne a évolué, elle n’a pas disparu d’un coup. Elle s’est transformé en  fête folklorique : Les derniers mariés de l'année doivent faire le tour du village à califourchon à l'envers  sur un âne.

 Dès la fin du Moyen Âge, on voit des courses à l’âne de ce type. C'est attesté au 12° siècle par les chartes de Castelnau de Montmiral et Ambialet.
A Ambialet le seigneur dans la charte de 1136 donne tout pouvoir au "cap de jovent"  d'enfoncer portes et barriques des époux qui lui résisteraient sans que les autorités officielles puisent intervenir.
Plus proche de nous, à Carcassonne au début du 20°, près de Réalmont encore après la dernière guerre et encore aujourd’hui dans certains villages du sud-Aveyron

Il est donc tout à fait possible que les deux traditions soient aussi anciennes. Bien entendu la course à l’âne sanction se fait avec le cavalier tourné vers la queue de l’animal.

Il faut noter que dans la zone pyrénéennes ou la tradition du Charivari a survécu jusqu'à la fin du XX° siècle, les courses à l'âne sont attestées tout au long du XI°